Togo : Hälsa International au défi de la réinsertion des enfants de rue

Les enfants en situation de rue sont confrontés à des difficultés quotidiennes qui entravent leur développement et leur bien-être. Les aider à réintégrer leur famille et leur communauté est un défi de taille. Malheureusement, cette tâche ne se limite pas à la simple réintégration, car de nombreux enfants risquent de retourner dans la rue pour diverses raisons. Dans un entretien avec notre rédaction, Kévin Fiashinou, Directeur Exécutif de Hälsa International Togo, explique les difficultés auxquelles son organisation est confrontée dans la réinsertion des enfants en situation de rue et la stratégie adoptée pour relever ce défi.

Kevin Fiashinou, Directeur Exécutif/Hälsa International

Quelles difficultés rencontrez-vous dans la réinsertion des enfants en situation de rue ?

Nous rencontrons plusieurs difficultés dans le processus de réinsertion des enfants en situation de rue. La première, c’est l’acceptation des parents ou de la famille de l’enfant à leur retour à la maison. Pour beaucoup, lorsque les enfants ne sont plus à leur charge, ils sont soulagés, mais quand l’enfant revient, il est considéré comme une charge supplémentaire. Le deuxième aspect, c’est la patience et le travail que les parents doivent faire pour aider les enfants à revenir. Un enfant qui a passé des années dans la rue, ne peut pas se comporter comme un enfant qui a passé toute sa vie à la maison. Il y a une différence et c’est aux parents d’accompagner les enfants dans cette phase transitoire, pour que l’enfant s’adapte aux règles, aux valeurs et à l’autorité de la maison. Beaucoup de parents n’ont pas cette patience-là et dès que l’enfant commet une erreur, ça part en cacahuète et on a toujours ces retours vers la rue. Voilà les grandes difficultés que nous avons dans la réinsertion des enfants.

Quelle est votre approche pour essayer de résoudre le problème ?

Nous avons de bonnes statistiques en termes de réintégration. Notre approche se base sur l’appui parental. Nous ne réinsérons pas l’enfant juste pour le faire. Il y a un travail qui est fait au préalable avec les familles concernant l’acceptation et en plus, nous ajoutons un volet d’approche communautaire, c’est-à-dire une implication des leaders communautaires (chefs religieux, chefs de quartiers, chefs de CDQ) dans l’accompagnement de la famille. Chaque année, nous avons ces modules de formation pour accompagner les leaders communautaires proches de la famille sur comment accompagner un enfant en processus de réintégration, comment soutenir les familles. Il y a aussi le programme des familles transitoires qui nous permet d’abord de mettre l’enfant dans une famille qui lui apprend un certain nombre de valeurs avant d’intégrer sa propre famille.

Le défi, aujourd’hui, est de réussir à complètement sortir ces enfants de la rue. Est-ce possible ?

Honnêtement, le défi n’est pas de sortir tous les enfants de la rue. Ce sera utopique de le dire. C’est notre rêve que tous les enfants rejoignent la maison et c’est un idéal à atteindre, mais le gros défi est de faire en sorte que d’autres enfants n’entrent pas eux aussi dans la rue, parce que, plus ils sortent, plus il y en a et ça complique notre travail. Il faut travailler dans la prévention et dans l’accompagnement des familles pour que les enfants ne se retrouvent pas en situation de rue. À partir de ce moment, nous pouvons attaquer l’idéal. Si nous faisons sortir et d’autres rentrent, ce sera comme jouer du tennis ou une balle de ping-pong et on ne pourra pas.

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