Des scènes pornographiques d’enfants tournés par des jeunes au Togo, et diffusées sur les réseaux sociaux, suscitent inquiétudes et indignations dans l’opinion publique togolaise. Parents, leaders religieux, acteurs de la société civile, condamnent ces actes qu’ils qualifient d’atteinte à la pudeur et aux mœurs africains.
Les togolais ne s’attendaient pas à découvrir de si tôt ces genres de vidéos sur les réseaux sociaux après l’interpellation des auteurs de films pornographiques tournés dans des écoles en 2020. Une réaction du gouvernement que d’aucuns avaient qualifié trop sévère, ne semble pourtant pas décourager les initiateurs de ce genre de projet.
Pour certains togolais le gouvernement doit sévir et punir les coupables conformément à la loi. «J’ai été choqué de voir des enfants s’exposer nus aux yeux du monde. Des enfants de cet âge qui ont déjà découvert le sexe et s’en servent comme ils le veulent ?», s’interroge Laré Yawo, père de deux adolescents. Juste à côté de lui son ami, Emile Johnson rajoute : «Si on peut modifier ou voter dans des délais courts des lois sur les associations ou les manifestations, je pense qu’avec un peu de volonté on peut mettre fin à ce phénomène de dépravation sexuelle, qui touche même les zones rurales, par des textes juridiques».
D’aucuns pointent du doigt le laisser-aller des parents qui n’inculquent plus aux enfants les valeurs morales et culturelles de la société togolaise. «Tout le monde veut faire dans la modernisation. Les enfants sont devenus des rois à qui on ne refuse rien. Il y a même certains parents qui s’habillent de façon vulgaire où se promènent nus dans les maisons alors qu’ils doivent apprendre à leurs enfants que le sexe est une partie du corps qui se cache et avec lequel on ne s’amuse pas», s’indigne Adjoko Adjetey, institutrice à la retraite.
Pour le sexagénaire Badéba Henri, l’abandon des rituels traditionnels au profit des religions occidentales est en partie responsable de la légèreté des mœurs. «Les vidéos en question ont été réalisées en milieu rural. Vous ne pouviez pas vivre après avoir fait ces genres de choses dans ce milieu au temps où la tradition était respectée. Les dieux vont vous tuer ou demander qu’on vous expulse définitivement du village. Voilà où nous en sommes aujourd’hui avec les religions importées», précise le vieux Henri. Avant de préciser qu’ «il faut recadrer les enfants et leur faire comprendre que tout droit à une limite».
Le Forum des Organisations de Défense des Droits de l’Enfant au Togo (FODDET), s’est prononcé via un communiqué. La faitière des organisations de promotion des droits de l’enfant, se dit choqué par ces actes pédopornographiques et condamne avec la dernière rigueur cet acte qui, visiblement, semble avoir été imposé aux enfants togolais, certainement par des gens qui savent bien ce qu’ils font. «Foddet demande instamment au Gouvernement de prendre toutes les mesures y compris la coopération internationale pour faire la lumière sur cette affaire afin de démanteler tous les membres du réseau tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Togo et les soumettre à la rigueur de la loi », recommande le FODDET.
Le Gouvernement tout en condamnant également, l’acte, rappelle que la pédophilie et la pornographie mettant en scène les enfants constituent des crimes selon le Code de l’enfant et le Nouveau code pénal. A ce titre, les auteurs et leurs complices seront soumis à la rigueur de la loi.
