Des enfants de moins de 5 ans encore menacés par l’émaciation

6,7 millions d’enfants supplémentaires de moins de 5 ans pourraient souffrir d’émaciation – et donc être dangereusement sous-alimentés – en 2020, à cause des conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19, a annoncé le 12 août l’UNICEF.

D’après une analyse publiée dans The Lancet, 80 % de ces enfants vivraient en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Plus de la moitié seraient originaires de la seule Asie du Sud. « Cela fait sept mois que les premiers cas de COVID-19 ont été signalés, et il est de plus en plus évident que les répercussions de la pandémie causent plus de ravages chez les enfants que la maladie elle-même », affirme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF.

« La proportion de ménages touchés par la pauvreté et l’insécurité alimentaire a augmenté. Les services essentiels de nutrition et les chaînes d’approvisionnement sont perturbés. Le prix des denrées alimentaires s’est envolé. La qualité de l’alimentation des enfants a donc diminué et les taux de malnutrition vont ainsi augmenter. »

L’émaciation constitue une forme mortelle de malnutrition qui amaigrit et affaiblit les enfants et les expose à un risque accru de décès, ainsi que de problèmes de croissance, de développement et d’apprentissage. D’après l’UNICEF, en 2019, avant la pandémie de COVID-19, 47 millions d’enfants souffraient déjà d’émaciation.

En l’absence de mesures urgentes, le nombre d’enfants souffrant de ce problème dans le monde pourrait s’élever à près de 54 millions au cours de l’année, soit des niveaux jamais atteints durant ce millénaire.  

L’analyse de The Lancet montre que la prévalence de l’émaciation chez les enfants de moins de 5 ans pourrait augmenter de 14,3 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire cette année en raison des conséquences socioéconomiques de la COVID-19. Une telle augmentation de la malnutrition se traduirait par plus de 10 000 décès supplémentaires d’enfants par mois, dont la moitié en Afrique subsaharienne.

Cette augmentation, attendue de l’émaciation, ne constitue que la partie émergée de l’iceberg, met en garde des organismes de l’ONU. En effet, la COVID-19 entraîne également une augmentation d’autres formes de malnutrition chez les femmes et les enfants, notamment le retard de croissance, les carences en micronutriments, le surpoids et l’obésité, conséquences d’une mauvaise alimentation et de la perturbation des services de nutrition.

Les rapports de l’UNICEF portant sur les premiers mois de la pandémie montrent que la couverture des services de nutrition essentiels – et souvent vitaux – a globalement diminué de 30 %.

Si l’on ajoute une réduction moyenne estimée des services de nutrition de 25 % par an à cette hausse prévue de l’émaciation dans chaque pays, le nombre de décès supplémentaires d’enfants de moins de 5 ans pourrait s’élever à 128 605 au cours de l’année, d’après l’analyse. 

Les valeurs obtenues varient en fonction du scénario choisi, la diminution des services de supplémentation en vitamine A, de traitement de l’émaciation grave, de promotion d’une meilleure alimentation du jeune enfant et d’apport en micronutriments pour les femmes enceintes étant comprises entre 15 % et 50 %.

Dans un commentaire sur le rapport de The Lancet, également publié le 12 août, les Directeurs de l’UNICEF, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, du Programme alimentaire mondial et de l’Organisation mondiale de la Santé ont averti que la pandémie de COVID-19 menaçait la nutrition dans le monde entier, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire et que les jeunes enfants en subissaient les conséquences les plus graves. 

Un plus grand nombre d’enfants et de femmes souffrent de malnutrition en raison de la détérioration de la qualité de leur alimentation, des interruptions des services de nutrition, et des chocs provoqués par la pandémie.

Partager cet article sur

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.