Togo/Cours de vacances : quand le coronavirus bouleverse l’éducation

Les cours de vacances généralement appelés cours de remise à niveau, n’ont pas eu lieu cette année, pour cause de la pandémie à coronavirus. Un véritable bouleversement pour les enseignants du privé et les étudiants qui comptent souvent sur les revenus de cette activité pour préparer leur rentrée.

Au Togo, la quasi-totalité des établissements scolaires, publics et privés organise des cours de vacances. Ce système pédagogique, qui devrait s’appliquer aux élèves, ayant obtenu des résultats non-satisfaisants, a fini par devenir une tradition dans toutes les familles. Les enfants, qu’ils aient une bonne ou mauvaise moyenne au cours de l’année scolaire sont systématiquement inscrits au cours par les parents, histoire de les occuper du moins dans les matinées. Mais cette année la Covid 19 a dicté sa loi. Les examens ont été repoussés jusqu’à mi-septembre alors que, la rentrée 2020 -2021 est prévue pour le 26 octobre prochain.

Et pour l’organisation des cours de vacances en cette période de crise, il faut une autorisation du gouvernement, qui jusqu’à présent ne s’est pas prononcé sur le sujet. Une véritable déception pour ceux qui tirent profit de cette activité pédagogique. «Les cours de vacances généralement appelés cours de remise à niveau. Ils permettent à l’élève en congé de relever son niveau sur les disciplines ou les matières dans lesquelles il rencontre des difficultés et des problèmes de compréhension. Surtout ça me permet chaque année de couvrir mes dépenses et de mieux préparer la rentrée de mes trois enfants. Etant enseignant dans le privé, ma situation était déjà compliquée depuis mars et j’ignore par quels moyens je vais m’en sortir », explique un enseignant. Et, à son collègue Amewossi Koffi d’ajouter : «On pouvait nous demander de garder les mêmes dispositions que nous avions prises à la reprise des cours en juin et nous laisser organiser les cours pendant les vacances ».

La situation sanitaire, a aussi porté un coup dur aux revenus des étudiants qui travaillent en temps partiel dans l’éducation. «Les cours à la maison et à l’école sont suspendus au deuxième trimestre et nous joignons difficilement les deux bouts. Nous avons misé sur les cours de vacances pour gagner un peu de sous et voilà que ça n’a pas été le cas. Je suis complètement fauché et j’ai dû libérer ma chambre pour aller vivre chez un cousin, parce que je n’arrivais plus à payer ni le loyer, ni les factures», se désole Afaïtché Kodzo, étudiant en biologie à l’Université de Lomé.

Certains parents comptaient sur les cours de vacances pour se libérer de la garde des enfants et vaquer à leurs activités. «Je devrais entamer un stage en entreprise pendant les vacances et me voilà contrainte de rester à la maison à cause des mes deux  filles. Si au moins les cours de vacances je les déposerai à l’école chaque matin et aller travailler», regrette cette mère de famille qui vient d’obtenir son premier stage après deux années de tentatives.

Edgar, fonctionnaire et père de deux garçons, affirme que la gestion des enfants est devenu un casse-tête. «Depuis mars je suis obligé de rentrer à la mi-journée pour se rassurer que tout va bien à la maison. Je comptais sur les cours de vacances pour souffler un peu. Mais dommage. Au lieu d’étudier mes garçons passent toutes les journées à jouer au ballon dans la rue », se désole Edgar.

Si les parents et enseignants sont mécontents de cette situation certains élèves eux la trouve avantageuse. Ulrich, 14 ans, avec son diplôme de BEPC en poche, va pour une première fois profiter pleinement des vacances sans étudier. «J’ai toujours obtenu de moyennes à la fin de l’année et je n’ai jamais compris pourquoi mes parents m’obligeaient à participer à ces cours. Je crois qu’ils voulaient juste se débarrasser de moi le temps d’aller travailler. Heureusement cette année la Covid19 a retourné la situation en ma faveur. Je peux me réveiller quand je veux et se consacrer  aux activités ludiques toute la journée ». Crédo, 12 ans, en classe de 5e, a décidé de gagner de l’argent pendant ces vacances. Il a monté un petit commerce de t-shirt et de culotte pour homme au marché de Gbossimé. «Mes parents exercent dans l’informel et la crise a eu des impacts sur leurs revenus. Je dois donc mettre la main à la patte si je veux avoir mes fournitures et payer ma scolarité à temps».

Outre les inquiétudes des parents sur la gestion des enfants et des enseignants sur le plan financier, la question du niveau des élèves à la reprise des classes est aussi soulevée. Puisque les cours de vacances permettaient aux enfants de se mettre en contact avec les matières qu’ils auront à étudier au cours de l’année scolaire et aider d’autres élèves à relever leur niveau. Ce qui n’est plus possible cette année à cause de la crise. « Moi, je ne vois pas que le côté financier du problème, mais le niveau des élèves à la reprise des cours. Ils ont à peine étudié pendant six mois l’année scolaire écoulée », a soulevé un enseignant.

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