Risques et dangers post avortement : les jeunes filles de plus en plus exposées

Au Togo, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse. La loi permet également l’avortement, lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte ou lorsqu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité.

Les cas d’interruption volontaire de grossesse non-conformes aux textes, sont punis d’une peine d’un à dix ans de prison ferme et d’une amende allant de 500.000 à 3.000.000 FCFA. Pourtant, l’IVG se pratique par des jeunes parfois, mineurs tous les jours, clandestinement et de plusieurs façons.

L’avortement est encore loin d’être structuré dans la société camerounaise. Pire, il est présenté comme illégal. Une situation pour le moins déplorable qui fait que les jeunes et adolescents sont très peu exposés aux services et aux informations de qualité en matière de santé de la reproduction, y compris la contraception. Élève en classe de 3ème, Beauty 14 ans a déjà connu les douleurs de l’avortement. Elle ne s’est pas imaginé tomber enceinte après six mois d’actes sexuels non protégés avec son copain 18 ans, élève en 1re A4. « Je ne pensais pas que cela pouvait m’arriver. Entretemps, je n’avais plus d’appétit, je me sentais fatiguée et je vomissais. Encouragée par une camarade, je suis allée faire le test de grossesse et c’était positif ; c’est comme si le ciel me tombait sur la tête », raconte-t-elle insouciante.

Une fois informé, l’auteur de la grossesse lui propose d’avorter, à l’insu des parents. Quelques jours plus tard, ce dernier arriva à obtenir un rendez-vous dans une clinique où l’opération sera réalisée contre 50 000FCFA. « Nous sommes allées dans une clinique, on m’a remis de petits comprimés à avaler. En plus, l’agent de santé m’a fait une injection, pour atténuer la douleur. Le lendemain de l’acte, les saignements ont commencé, avec des caillots de sang. J’ai eu très mal au ventre, en dépit de la piqûre antidouleurs », confie-t-elle.  

Quelle leçon a-t-elle tiré de cette expérience ?  A cette question, Beauty manque de mots et exhorte, les jeunes filles à éviter  de s’aventurer dans l’IVG. «Je m’interroge nuit et jour qu’une fois adulte et mariée si cet acte  m’empêchait d’avoir des enfants, que ferai-je ?»

C’est pratiquement la tête baissée, sur un ton bas et hésitant qu’Akossiwa livre son histoire. Une histoire qu’elle garde jalousement, parce que ni ses parents, ni l’auteur de la grossesse, ne sont au courant de rien. En effet, quand elle est tombée enceinte, elle dit avoir pris sur elle, toute seule, la décision d’avorter, pour ne pas décevoir les parents qui ont tant investi pour sa formation. Sur conseils de ses amies, elle a pris de petits comprimés. 24 heures après, elle ressentait d’atroces douleurs au bas-ventre et saignait abondamment. «Ç’en était fallu de peu que je passe de vie à trépas. J’ai dû appeler une amie pour qu’elle me conduise rapidement à l’hôpital où les médecins ont été obligés d’achever le processus que j’ai enclenché avec les comprimés ».

De nombreuses femmes qui ne veulent pas tomber enceinte, n’utilisent pas, paradoxalement, les moyens qui leur sont offerts pour éviter les grossesses non-intentionnelles. C’est pourquoi, nous informent les sages-femmes, les soins après avortement sont toujours accompagnés de counseling dans le but de soumettre la patiente à la contraception. L’adoption de la contraception étant volontaire, ça ne marche pas à tous les coups, relativisent-elles. 

Une sage-femme nous relate l’histoire d’une jeune élève qui, en l’espace de deux mois (fin décembre 2018 et fin février 2019) a été reçue deux fois pour des Soins après avortement. Et ce n’est pas un cas isolé, déplore la sage-femme. Elle ne désespère pas pour autant, convaincue qu’avec une intensification des efforts, l’éducation sexuelle pourrait être une meilleure solution.

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