Togo/Travail des enfants : un enfant portefaix dévoile son pénible quotidien

Décharger et charger les camions et aider les acheteurs à transporter leurs marchandises à travers le marché, c’est le quotidien de Yao (nom d’emprunt). Depuis quatre ans, il exerce le métier de portefaix dans le marché d’Adidogomé Assiyéyé. Aux veilles (lundis et vendredis) comme les jours du marché un enfant portefaix dévoile son pénible quotidien Décharger et charger les camions et aider les acheteurs à transporter leurs marchandises à travers le marché, c’est le quotidien de Yao (non d’emprunt). Il passe son temps à porter et à décharger les marchandises.

« Quand les camions arrivent au marché nous déchargeons les marchandises. Nous chargeons aussi les marchandises pour celles qui viennent acheter au marché. Nous transportons aussi les marchandises des acheteurs du marché à la station », a-t-il relaté. Les mercredis et dimanches, le jeune débrouillard se donne à d’autres activités qu’il qualifie de « business ».

Tout comme beaucoup de ses compagnons d’infortune venus des pays voisins et de l’intérieur du pays à la quête d’un bien-être, Yao, qui porte difficilement ses 16 années d’existence, s’est retrouvé le portefaix par nécessité. Il est arrivé pour la première fois au marché à la recherche d’un job pour se payer les frais de scolarité. Malheureusement, il ne tournera plus sur les bancs d’école. 
« Je fréquentais jusqu’à la classe de 4ème, mais j’ai eu un problème d’écolage à l’approche des périodes de composition de fin d’année. Je suis venu au marché pour travailler, mais je n’ai pas pu rassembler la totalité avant la fin des compositions. Depuis ce jour, je suis resté au marché », a-t-il raconté.
Et depuis ce jour, Yao s’est retrouvé  » coincé » dans ce travail aussi pénible que dangereux, et qui peine à nourrir son homme. Selon lui, le gain journalier vacille au gré de l’animation du marché.

« Nous ne sommes pas bien rémunérés. Tu peux finir de décharger les marchandises et c’est à la propriétaire de décider de ce qu’elle te paie. Par exemple, quand tu finis de décharger des sacs de maïs d’un taxi, elles nous donnent souvent 200 ou 300 FCFA. Tu ne peux rien faire avec cet argent. Le revenu n’est pas constant. Des fois, tu peux avoir 5 000 FCFA à la fin de la journée, tout comme 2000 FCFA. Tout dépend de la façon dont le marché s’anime », a-t-il indiqué. « Les clients nous manquent de considération. Nous les aidons tous les jours, mais elles nous appellent les enfants du marché. Elles nous traitent selon leur humeur », dénonce-t-il.

La nuit, la réalité est toute autre !

La plupart des portefaix sont des enfants en situation de rue. Il passe la nuit sous les hangars du marché et dans des abris de fortune, au prix de leur vie.
« Si tu passes la nuit dans le marché, tu n’es pas en sécurité. Tout peut t’arriver. Le pire est qu’il a des filles qui passent la nuit dans le marché. Ce qui fait qu’il a beaucoup de cas de viol, de grossesses précoces, et même des avortements », a révélé Assou (nom d’emprunt) un autre portefaix.

Malgré leur sacrifice au quotidien pour satisfaire leurs clients, les portefaix sont tassés de pickpocket. Les accrochages avec les vendeurs de tickets et les agents de sécurité sont monnaie courante avec son lot de voie de fait sur les portefaix. « Il y a un des nôtres qui est sorti la dernière fois pour s’acheter à manger après avoir déchargé un camion. À son retour, les agents de sécurité l’ont interpellé et ils l’ont battu sévèrement sous prétexte qu’il est un voleur, alors que c’est quelqu’un que tout le monde connaît dans ce marché », s’est indigné Assou.

On ne peut passer sous silence les fréquents accidents de travail, la difficulté des portefaix à se soigner en cas de maladie, la difficulté d’épargne pour réaliser leur rêve d’apprendre un métier et de quitter le statut de portefaix.

La nouvelle vision

Depuis 2016, quatre portefaix indignés de leurs conditions de vie et de travail avec à leur tête Kpatchidé Komlan ont créé un regroupement baptisé Groupe Solidaire. Quelques années après, le Groupe Solidaire rassemble de centaines de jeunes portefaix et travaille en collaboration avec une dizaine d’ONGs.
« Nous avons gagné la confiance des Chefs traditionnels dans les quartiers aux alentours du marché. La sécurité est de notre côté. En cas de problème, si nous faisons appel à la Police, elle vient à notre secours », a affirmé Kpatchidé Komlan, Président du Groupe Solidaire.

Au-delà des missions de sensibilisation et d’identification des enfants portefaix, 26 membres, parmi lesquels le Yao ont pu apprendre un métier.

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