Togo : à la recherche d’un bien-être, des enfants s’exposent au coronavirus

Le 20 novembre 2020, le monde entier a célébré le 31e anniversaire de la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE). Gouvernements, Organisations de la société civile, ont marqué de diverses manières l’événement tout en faisant un lien avec la pandémie à coronavirus. Comment se protège alors les enfants qui ont quotidiennement pour lieu d’activités, la rue, contre cette maladie ? 

Il est presque 13 heures sur l’avenue Gnassingbé Eyadéma, le soleil de plomb qui s’abat sur la ville pousse les vendeurs à la sauvette à se réfugier sous les arbres devant le siège d’une société de téléphonie mobile. Malgré cette situation, certains vendeurs continuent à se faufiler entre les véhicules avec des conducteurs très souvent furieux, à cause des embouteillages. Parmi ces vendeurs ambulants, il y a Solim, arrivé quelques mois plutôt d’Anié. Âgée d’à peine 12 ans, la jeune fille a un plateau d’oranges pelés sur la tête et dit être à sa deuxième année de vente à la sauvette.

« J’avais six ans quand ma maman est partie pour Lagos. J’ai été placée chez ma tante qui me maltraitait ce qui a impacté sur mes études. Après trois tentatives échouées pour obtenir le CEPD, j’ai décidé de venir à Lomé pour me débrouiller », relate Solim. La jeune enfant ne semble pas particulièrement inquiétée par la Covid 19. « Le coronavirus existe. Mais j’ai besoin d’argent pour vivre. À part porter quelques fois les masques, je n’ai pas le temps et le matériel de lavage de mains. C’est Dieu qui me protège », précise la jeune enfant. Avant d’ajouter : « Ce n’est pas un travail facile. Je suis très souvent bousculée par des voitures et les motos. Parfois, les clients te touchent de façon inappropriée. Quand tu donnes ta marchandise dans la voiture, le conducteur part sans te payer. Il m’est aussi arrivé des situations où ma recette de la journée a été arrachée par des bandits. Mais je dois vendre pour aider ma cousine chez qui je vis à payer le loyer et la nourriture », se confie-t-elle. 

Des activités pourtant dangereuses, reconnaissent les petits eux-mêmes. « C’est risqué de vendre dans les carrefours, avec cette maladie du Coronavirus qui fait rage dans le monde et au Togo actuellement. Parce qu’il y a des gens qui toussent sur nous, et nos mains se touchent même. Mais on n’a pas le choix», explique Aïdi, une amie de Solim, revendeuse de papaye. 

Comme ces deux jeunes filles, ils sont nombreux à exercer une activité : faiseurs de poubelles, mendiants, porteurs, collecteurs d’objets divers, employés de ménages, gardiens et laveurs de véhicules, cireurs, vendeurs de produits divers, … Certains se tournent vers le vol. Il s’agit en fait d’une incessante quête quotidienne pour trouver de quoi subsister non seulement pour eux-mêmes, mais aussi, le cas échéant, pour leur famille. 

«Une ONG m’a donné une bavette que je lave les soirs avant de me coucher. Nous dormons dans un endroit contre 100fcfa et il peut arriver que quelqu’un d’autre est volé ton masque. Dans ce cas, tu es obligé de sortir sans protection même si tu cours le risque d’être infecté», déclare Fotsè, orphelin de père et de mère, vendeur de bonbons et de papier mouchoir aux feux tricolores, de l’un des plus grands carrefours de Lomé.

Ils sont plus de 6 000 enfants en situation de rue au Togo. Et entre se protéger contre la pandémie et assurer leur survie, le choix de ces enfants est clair. Ils ont préféré gagner de l’argent au risque de leur vie que de mourir de faim. Le gouvernement et les organisations de promotion des droits de l’enfant doivent mener des réflexions sur ce phénomène de travail des enfants avant l’âge prévu par la loi.

Photo : Jeune Afrique.

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