Togo : pourquoi partent-ils si jeunes en atelier d’apprentissage ?

Des enfants, en majorité des filles, quittent l’école pour des ateliers d’apprentissage, avant l’âge de 15 ans. Une réalité qui ne semble gêner aucunement certains parents, car pour eux, l’école n’a de l’importance que pour sa capacité à enseigner la lecture et l’écriture.

Beaucoup de parents apprécient mal la pertinence de l’école sur la vie entière de leur progéniture. Après l’acquisition des notions liées à l’école et à l’apprentissage, il n’est plus question pour plusieurs parents de laisser leurs enfants continuer les études. C’est ce que confirme Dagan, une revendeuse de condiments à Avédji Agnigbé : « Ma fille quittera l’école juste après son premier diplôme, le CEPD. Car elle doit vite être initiée au commerce et me remplacer quand je serai vieille. » Une idée que ne partage pas la fille en question. Pour elle, le métier de ses rêves, médecin, passe impérativement par les études.

« L’actuel Premier ministre du Togo est une femme. Sous d’autres cieux, des femmes sont président de la République. Ma maman a certes un commerce qui nourrit toute la famille et elle trouve qu’elle gagne mieux sa vie que certains fonctionnaires. Mais elle doit comprendre que nous n’avons pas les mêmes destins », a déclaré Anne, 11 ans. Avant d’ajouter : «Je viens d’avoir le CEPD. Si ma maman ne veut pas me soutenir, je le ferai moi-même avec les bénéfices de petits commerces que j’ai d’ailleurs l’habitude d’entreprendre pendant les week-ends et vacances ». 

Pour d’autres parents, ce sont les échecs répétés des enfants qui les poussent à les mettre en apprentissage. Pour ces derniers, il n’y a pas de sot métier et à défaut des diplômes académiques, ils espèrent que les enfants peuvent obtenir des attestations professionnelles. Des arguments que rejettent la plupart des concernés. Abla, une jeune fille de 15 ans, affirme avoir souhaité continuer les études après la naissance de son garçon. Mais ses parents s’y sont catégoriquement opposés. N’ayant aucun soutien, elle a fini par céder aux pressions de ses parents. Une décision qu’elle regrette toujours. 

« Je reconnais avoir fait une erreur en tombant enceinte, mais j’ai quand même eu mon BEPC cette année. Je suis ensuite passé en classe de première l’année suivante. Mais mes parents mécontents, m’obligent tous les jours à apprendre un métier depuis le temps de la grossesse. J’ai donc choisi la coiffure. »

D’autres parents estiment que les enfants s’adonnent prématurément au sexe et qu’il faut les initier à l’entreprenariat très tôt. 

La scolarisation de la jeune fille est l’un des programmes phares du gouvernement togolais à travers le Plan national de développement. De plus en plus de femmes occupent aujourd’hui des postes de responsabilité. Des actions, conjointes entre le gouvernement et la société civile doivent être renforcées pour sensibiliser cette frange de la population encore hostile à la scolarisation de la fille.

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