Togo : Rast’Akbar donne de l’espoir aux élèves avec ses bancs et sacs solaires

Dalivor Mawuxom dit Rast’Akbar, est un jeune togolais, artiste designer et chroniqueur dévoué à la promotion de l’éducation des enfants. Depuis 2017, il innove avec des sacs et tables bancs équipés de lampe solaire et fabriqués à partir de cartons et calendriers recyclés.

Le « School office One » est son nouveau produit. « C’est un bureau scolaire composé d’une table et d’un pouf faits en carton et en matériaux de récupération qui permet à l’élève de pouvoir étudier. À la tombée de la nuit, il a juste à allumer sa lampe pour continuer à étudier dans une zone non électrifiée », a expliqué le jeune artiste.

Ce bureau scolaire est tapi de cure et décoré avec le pagne légendaire Kenté. Au-delà de son confort, il offre à l’élève un éclairage de trois heures avec une possibilité de charger un téléphone portable. Ce meuble peut supporter plus de cent kilos de charge et a une durée de vie de plusieurs années.

Cette inspiration, souligne Rast’Akbar, est une conséquence du constat de manque de tables bancs dans les établissements publics. « Tout le monde a été témoin des clichés qui montrent des salles de classe sans table banc où les élèves sont assis à même le sol, ou contre des blocs de pierre pour pouvoir poser leur cahier. Je me suis dit avec ma technique, je peux créer des tables bancs pour ces élèves. Donc, j’ai créé un banc ordinaire et à un moment donné, je me suis dit que je peux transposer un système solaire sur ce banc. C’est de là que je suis arrivé à mettre sur pied ce banc équipé de lampe solaire ».

Le « School office One » n’a pas encore atteint son idéal. Il va connaître des améliorations en fonction des besoins sur le terrain. « J’ai nommé ce premier bureau scolaire « School office one » parce qu’il y a encore des modèles que je vais encore développer. Les school office two et autres vont arriver », rassure Rast’Akbar.

L’ambition de ce jeune artiste qui a déjà fait ses preuves dans le vestimentaire, est d’offrir une meilleure condition d’étude aux élèves sur l’étendue du territoire togolais à travers ses innovations.

« Avec la gratuité de l’école primaire, il faut que les parents financent les tables bancs de leurs enfants. Au Togo, une table banc coûte entre 35.000 et 50.000 francs CFA. Donc je me donne la mission d’aider les parents et les écoles avec ma nouvelle technique. Mon ambition, aujourd’hui, est de collectionner tous les calendriers et cartons du Togo et de pouvoir doter toutes les écoles en zone vulnérable de mes tables bancs, dans le but de permettre aux enfants d’étudier dans de bonnes conditions », a-t-il martelé.

Avant le school office One, les sacs de l’espoir… Et de la lumière

En 2017, Rast’Akbar a mis au point des sacs à dos imperméables faits sans couture, à base de carton. Grâce à une ONG suisse, 1000 exemplaires, ce sac baptisé « Sac de l’Espoir » ont été offerts à deux établissements scolaires dans les préfectures d’Agou (environ 100 kilomètres de Lomé – Sud Togo) et de la Kozah (environ 450 km de Lomé – Nord Togo).

De cette tournée, l’artiste est rentré à son atelier à Lomé avec une doléance qui le pousse à aller au-delà de ses limites.

« Au cours de mon séjour dans la préfecture d’Agou, j’ai été interpellé par un professeur qui m’a expliqué qu’il ne peut pas donner des exercices de maison à ses élèves parce que le village n’est pas électrifié. Alors je me suis demandé si je ne peux pas faire un sac qui dispose d’une lumière qui se charge dans la journée et permet à l’élève d’étudier la nuit », a-t-il raconté.

Après maintes recherches et réflexions, Rast’Akbar est arrivé à relever le défi. « Je suis retourné dans le village et un matin, je me suis levé comme par magie, j’ai imaginé des schémas et lorsque je l’ai essayé, ça à marcher. C’est ainsi que j’ai pu monter sur un sac une lumière solaire qui charge en journée et qui permet à l’élève dans une zone non électrifiée de pouvoir étudier le soir et donc d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres élèves. Je l’ai appelé ‘’Sac de la lumière et de l’espoir’’ », a-t-il rapporté avec sourire.

Le nouveau challenge

Rast’Akbar se rend très vite compte qu’il ne peut, à lui seul relever le défi de doter les écoles et les élèves de matériels scolaires. « Le problème de sous-équipement des écoles en tables bancs est un véritable problème partout au Togo et j’ai appris que la situation est parfois pire dans d’autres pays du continent. Avec ma technique, si je décide qu’équiper ne serait-ce que deux écoles, je ne peux pas le faire seul », a-t-il reconnu.

Aujourd’hui, il a mis au point un collectif associatif de jeunes acquis à la cause de l’éducation des enfants, nommé « We are the new Africa ». Il a déjà formé une centaine de jeunes togolais à la technique de fabrication de meubles à base de carton et matériaux recyclés.

« Il faudra que d’autres personnes maîtrisent aussi cette technique artistique. C’est ce qui me motive à divulguer cette technique pour dynamiser le collectif en cooptant des talentueux au cours de mes formations. Le but est de faire adhérer plus de membres au collectif pour que nous pussions ensemble et avec nos connaissances, équiper le maximum d’écoles en banc réalisé en carton ».

Jérémie Gadah

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